Anthony Mette

Docteur en psychologie, spécialisé en psychologie du sport, Anthony METTE intervient depuis plusieurs années à la Clinique du sport de Bordeaux-Mérignac. En complément de cette activité clinique, il est chercheur associé à l’Université de Bordeaux et est l’auteur du livre « les HOMOS sortent du vestiaire ». Après nous avoir accordé un long entretien autour de son travail de psychologue du sport, il revient pour notre plaisir sur la sortie de son livre et un sujet tabou dans le sport : L’homosexualité

Comment est née l’idée d’écrire un livre sur l’homosexualité dans le sport?

Le livre est en réalité la conséquence de mon travail réalisé en thèse de psychologie et des enquêtes menées pour plusieurs organismes nationaux et européens. Il existe des ouvrages en anglais, américain, mais pas en français, du moins qui apportent un point de vue global sur la question. L’idée était donc de concentrer les différents travaux et données scientifiques autour de cette thématique, avec à certains moments une prise de position claire. Ou du moins une mise en perspective des actions possibles et des conséquences socio-politiques de « l’homophobie » dans le sport.

Comment a été reçu votre livre par les médias sportifs et non sportifs et par le milieu du foot ?

J’ai contacté plusieurs maisons d’édition et la seule qui ait accepté de publier mon livre est « Des ailes sur un tracteur ». C’est un éditeur LGBT, assez ciblé et qui publie beaucoup de livres créatifs sur la question mais n’est pas forcément familier au milieu du sport. J’ai personnellement fait un peu de communication mais je ne pense pas que le livre soit encore connu de la part des médias télés, radios, journaux sportifs. Du moins, pour l’instant, nous n’avons beaucoup de retour. Je ne peux donc que vous remercier pour votre intérêt !

Ce thème intéresse-il les médias ?

La thématique autour de l’homosexualité dans le sport est une question qui revient souvent dans les médias et pour laquelle je suis souvent interrogé, notamment quand un sportif fait un coming-out. Dernièrement, la présence de Gareth Thomas dans les médias anglais pour commenter la coupe du monde de Rugby a fait parler de notre livre. J’ai également une demande de la part d’une radio suisse pour une interview. Mais en France, les demandes sont souvent liées à un événement particulier, un fait divers ou un coming-out d’un sportif. A nous aussi de savoir rendre le sujet intéressant. Parce que contrairement à ce que les gens pensent souvent, traiter de l’homophobie dans le sport, c’est s’intéresser de manière plus large à l’éducation, le respect et toutes les formes de discriminations.

Le titre du livre s’intitule « les Homos sortent du vestiaire ». Certaines personnes accordent au terme Gay, un sens communautaire, lobbyiste que ne renvoie pas le mot homosexuel. Qu’entendez-vous par le terme homosexuel ?

Nous avons choisi ce titre avec l’éditeur et l’emploi du terme « homos » parce qu’ils regroupent les lesbiennes et les gais. Dans la littérature scientifique et en psychologie, on parle des « Lesbians and Gays » et on fait la différence entre les deux. En Français, c’est plus compliqué parce que les termes, sont effectivement assez péjoratifs, et on utilise davantage le terme homosexuel, homosexuel homme/femme.

L’homosexualité chez les hommes intéresse plus les médias et le monde du sport que celle des femmes. Mais notre objectif était vraiment de traiter le sujet de l’homosexualité chez les deux sexes pour une question d’équilibre et d’équité et parce que c’est extrêmement intéressant d’un point de vue scientifique de confronter les deux. Cela renvoie à ce que nous disions au préalable, sur l’objectif « global » que nous avions de traiter le sujet.

La couverture du livre présente une femme. C’est un contre pied d’avoir choisi une femme, et non un homme ?

Oui, et ça nous a d’ailleurs été reproché par certains lecteurs. Ils auraient voulu voir un homme, parce que le sujet de l’homosexualité chez les hommes est peut-être plus « flagrant ». On nous a également reproché de ne pas aborder le cas des transsexuels et bisexuels. C’est une critique que j’entends, à voir donc pour de prochaines recherches.

Dans votre expérience de psychologue du sport, vous êtes confronté à ce sujet. Est-ce un sujet que les sportifs évoquent facilement ? Comment l’abordez-vous ?

Je fonctionne de deux façons. J’ai un cabinet dans lequel les sportifs viennent de leur plein grès, ou sous recommandation d’un médecin ou d’un coach. Dans cette configuration, je n’ai quasiment aucun sportif qui vient me dire qu’il/elle est homosexuel(le) et que ça lui pose des problèmes. C’est extrêmement rare. Je peux recevoir des questionnements par mail, ou via les réseaux sociaux mais beaucoup plus rarement directement au cabinet.

Chez les hommes, le sujet est également présent. La vie de groupes, les dortoirs, certains jeux : beaucoup de choses tournent autour du sujet.

En revanche, dans la deuxième configuration de mon intervention, je me rends sur place, dans les centres de formations et dans les structures de clubs. Dans ce cas, la question est lancinante. Dans un pôle sportif féminin, vous avez toujours des questions liées à la sexualité, aux comportements de deux jeunes filles entre elles ou de relation de couple. C’est inévitable. La plupart des coachs féminins le savent et en parlent. Chez les hommes, le sujet est également présent. La vie de groupes, les dortoirs, certains jeux : beaucoup de choses tournent autour du sujet. Mais ce n’est pas si courant d’avoir un sportif avouant son homosexualité et ses difficultés lors d’un entretien. Parfois, on le devine et tout notre rôle est d’intervenir afin d’aider et accompagner le sportif.

Le sport et le football en particulier est souvent perçu comme un véritable moyen de rassemblement social. De toute évidence, votre livre tend à montrer le contraire avec deux anecdotes1 au début du livre ?

Oui, je ne suis pas d’accord avec ce postulat et je ne suis pas le seul. Si vous lisez les livres de Daniel Riolo, qui officie sur RMC, ou du sociologue Stéphane Beaud sur l’après coupe du monde en Afrique du Sud, ils vous disent la même chose.

De mon point de vue, il y a deux footballs : Le football professionnel, qui est du spectacle, et le football amateur. Sociologiquement, le football à partir de l’adolescence, est pratiqué par des classes sociales « défavorisées », dans lesquelles viennent se mêler communauté, culture et religion. Certains clubs se revendiquent des clubs de noirs, de blancs (c’est plus rare), d’antillais, de portugais, de musulmans etc… A la base, le foot était très populaire. Aujourd’hui, il devient très revendicatif et de moins en moins ouvert à tous. Ce qui a longtemps été décrit comme un outil de l’assimilation devient aujourd’hui un terrain de revendication identitaire. C’est un constat, une sorte de diagnostic.

Comment l’expliquez-vous ?

Ce fonctionnement s’explique par la manière dont le football est pratiqué en amateur, à savoir d’une manière très contraignante et communautariste. La pratique du football est plus contraignante que d’autres sports. A part en futsal ou football d’entreprise, si vous jouez dans un petit club de village, vous avez un entraînement deux/trois fois par semaine et un match le week-end. Le coach râle souvent, c’est en extérieur, il fait froid, le terrain n’est pas toujours parfait, vous dépendez beaucoup des autres, etc. Ça vous prend un temps fou, trois soirées où vous êtes avec les coéquipiers et non en famille, pareil le week-end. Aujourd’hui, très peu de gens ont envie de se priver autant de choses du quotidien pour mettre le football au premier plan.

Donc ceux qui restent, y voient sûrement autre chose. Ils se construisent avec le football et s’appuient sur le foot pour revendiquer des opinions et des valeurs. Après vous savez, on parle du foot, parce que c’est le sport roi en France, mais on observe des phénomènes assez similaires dans d’autres sport. Le côté « banlieue » du foot fait qu’on en parle plus, mais les phénomènes de regroupement, d’entre soi sont propres à l’être humain. Il est plus facile de passer du temps avec 20 personnes qui vous ressemblent qu’avec 20 personnes qui sont très différentes de vous. Au moins dans un premier temps…

Au final, le foot est joué par des gens qui ont la même façon de vivre, le même quotidien, les mêmes aspirations et donc les mêmes façons de penser ?

Exactement. Les footballeurs ne sont bien sûr pas tous identiques, mais on constate une sorte de renforcement des similarités dans certaines équipes. C’était déjà le cas avant. Il n’y avait pas de problème pour savoir si on devait manger Hallal vu qu’il n’y avait quasiment que des blancs et qu’ils mangeaient tous la même chose. Puis des musulmans se sont mis à jouer au foot et s’est alors posé la question. Il a fallu changer ce quotidien. Puis aujourd’hui il y a des équipes où il y a plus de joueurs revendiqués comme musulmans, dont manger Hallal est devenu la norme. C’est comme ça. Les normes, les routines, le quotidien changent. Ces changements se font en fonction des individus présents et de leur influence sur le groupe ; influence en termes moral, comptable, de leur place dans le groupe et en termes de leadership, d’exemplarité, etc. Rien de grave à cela, c’est juste un peu déroutant au début pour certains.

C’est exactement ce que j’essaye de démontrer dans mon livre sur la question de l’homosexualité. Actuellement la norme dans le sport et le foot masculin est à l’intolérance envers l’homosexualité. Or, cette « forme d’homophobie » va contre un ensemble de loi et contre les valeurs promues par la société actuelle. C’est également très violent pour les sportifs qui eux sont gays et qui ne peuvent l’assumer dans leur équipe. Chez les filles, on observe des fois le phénomène inverse.

Justement, votre livre distingue différentes formes d’homophobie : Sentiment de peur dégoût et répulsion, homophobie sociale, homophobie générale (manifestation du sexisme), et homophobie intériorisée. Pouvez-vous revenir sur chacune d’entre elles ?

La forme d’homophobie la plus forte est justement « l’homophobie », un terme inventé, sur la vision phobique et pathologique des homosexuels, comme certains ont peur des araignées, des serpents…C’est une approche extrême, caricaturale et qu’on retrouve rarement aujourd’hui à l’image du racisme. Le racisme a évolué et prend différente formes. Des personnes qui détestent les noirs et qui vont dire dans un débat que « les noirs sont inférieurs aux blancs », elles n’existent presque plus grâce à un travail social effectué pendant des années, mais aussi grâce à la loi qui punit sévèrement ce genre de propos. Il y aura toujours 5% de fanatiques qui tiendront ce genre de phrases, mais ce sont des cas pathologiques et rares. Le racisme de Django a quasiment disparu, et on peut s’en féliciter.

Ensuite, vous trouvez une autre forme d’homophobie, plus sociale et qu’on appelle en psychologie, l’hétérosexisme. Il se manifeste par le fait de considérer l’hétérosexualité comme dominante, et de voir le reste comme inférieur ou mineur. C’est typiquement ce qui se passe dans une équipe de football. Les hétéros se revendiquent comme tels, se mettent en avant et vont déconsidérer plus ou moins directement les homos de manière maladroite et/ou méchante C’est dire « sale pédé, tapette, tu joues comme une gonzesse » etc…Souvent, ils ne pensent pas ce qu’ils disent et ne se rendent pas compte de la portée de leurs propos. En soi, ce n’est pas très grave…même si ça peut être mal perçu et créer des soucis pour ceux qui justement se sentent homosexuels. Dans tous les sports, nous retrouvons cette forme d’héterosexisme, même si dans le football, elle est peut être plus marquée.

Dans tous les sports, nous retrouvons cette forme d’héterosexisme, même si dans le football, elle est peut être plus marquée.

Enfin, vous retrouvez l’homophobie intériorisée. Il s’agit d’homosexuels qui n’acceptent pas d’être homosexuels et qui dénigrent tout ce qui se rapproche du sujet. Ils sont souvent très intolérants, très agressifs et ce sont souvent eux les plus violents. J’ai l’exemple d’un joueur en centre de formation en handball qui me racontait son bizutage en CREPS. Dans les pôles, le bizutage est toujours très sexué et dans un groupe, une personne, souvent le « mâle dominant », est à l’initiative des « jeux sexuels » comme la masturbation. Donc le joueur que j’ai rencontré, me racontait que le mâle dominant pendant ses années d’internat au CREPS, s’est avéré être homosexuel des années plus tard.

Homophobie, racisme anti-noir, anti blanc…La solution n’est-elle pas, comme le considère Leyens dans votre livre « d’assimiler l’homophobie au racisme » afin de faire un travail global, éviter le communautarisme et la course à la victimisation ?

Exactement. A chaque fois que l’on me propose d’intervenir dans des formations sur la thématique de l’homosexualité dans le sport, j’explique que je ne vais pas parler que de ça mais de l’ensemble des discriminations. Car, en psychologie sociale, nous considérons que tous les phénomènes de discriminations, de stigmatisation se ressemblent. Ils sont issus du même principe de rejet de l’autre groupe, ceux que je considère comme inférieurs, moins bien, faibles, etc. Les mécanismes du racisme envers les noirs, sont les mêmes que les racismes envers les chinois, les blondes, les musulmans, les riches, les pauvres, les homosexuels ou les Roms. Les seules différences sont liées aux contextes sociologiques et historiques. C’est ce qui fait qu’une discrimination, un racisme, est plus intense à un moment donné qu’un autre.

Homosexualité et football féminin

Griffin a étudié l’homophobie féminine dans le sport aux États-Unis et au Canada et décrit trois climats : hostile, conditionnellement tolérant, et ouvert et inclusif. Quelle est selon vous, le climat prédominant en France ?

Le critère selon moi le plus pertinent pour juger le climat du sport est la durée de pratique des femmes au sport en question. Beaucoup de sports à la base, exceptée la gymnastique (et encore) sont masculins et sont donc créé par des hommes, pour des hommes, avec des règles d’hommes, des vêtements d’hommes, des vestiaires d’hommes. Les femmes sont clairement mises de côtés dans un premier temps, pour progressivement venir à la pratique du sport. Mais faire des entraînements avec 20 gars, sans vestiaires pour filles, reste complexe. Immédiatement, celles-ci sont cataloguées comme homosexuelles, ce qui d’après la littérature et mon expérience est plus ou moins vrai. C’est une question délicate à aborder parce que les sportives ne veulent pas toujours assumer leur orientation sexuelle et les clubs refusent le sujet. Mais d’une façon générale, les premières pratiquantes de sports féminins sont lesbiennes et/ou ont un comportement très masculin, ce qui crée des tensions (le choc du changement de norme, encore !). En effet, le milieu sportif est très traditionnel, aime bien que les choses soient en place et qu’on n’en change pas trop. Ainsi, les sportifs sont « choqués » d’avoir des filles aussi masculines, ils sont surpris de devoir être d’égal à égal avec elles. Les présidents et les parties dirigeantes des clubs (qui sont souvent des hommes) sont également perturbés par ces filles masculines qui viennent s’imposer et casser la norme et la culture de leurs clubs.

Avec le temps, les choses deviennent naturelles ?

Oui, au bout de 5 ans ou 10 ans, les mélanges se font, les filles deviennent de plus en plus nombreuses, les équipes se constituent et se structurent, bénéficient de terrains, les tenues s’arrangent, se féminisent, se raccourcissent… Ainsi, un sport pratiqué depuis longtemps par les filles sera ouvert aux lesbiennes, aux hétérosexuelles et de façon générale, très diversifié. C’est pourquoi, l’homosexualité féminine pose beaucoup moins de malaises dans des sports pratiqués depuis 20/30 ans comme le Handball et le Basket-Ball, que dans le football.

Le foot féminin est un sport récent en France. Les clubs féminins font-ils quand même appel à vous ?

Oui, et je regrette vraiment qu’il n’y ait encore que si peu d’équipes féminines. Nous avons une équipe féminine aux Girondins de Bordeaux qui tourne très bien cette année. Une des joueuses est en stage avec moi ! Mais finalement, très peu de clubs proposent une structure pour le football féminin. Et soyons concret, il y a aussi très peu de demandes. Ce n’est pas un sport forcément beaucoup pratiqué en France. J’ai vécu en Allemagne et c’est un autre monde. Le foot est très démocratisé, avec une pratique dès le plus jeune âge, notamment aux lycées. Aux Etats Unis, c’est un des sports les plus à la mode chez les filles. On est loin de ce niveau en France… et je trouve que la politique de la Fédération n’est pas inclusive.

En 2009, la FFF a eu l’idée de faire poser les joueuses de l’Equipe de France nues pour promouvoir le football féminin. Est-ce une bonne idée ?

Effectivement, elle a réalisé des campagnes de pub en équipe de France avec des filles très féminines sur les calendriers. Mais la fédération est trop « traditionnelle » pour faire en sortes que les choses se passent bien, sereinement en étant inclusif. Ceux qui me dérangent le plus ne sont pas les présidents, qui eux font leur travail et ont l’impression de faire les choses bien. Ils ont une logique culturelle, quasiment anthropologique avec une conservation des valeurs et des traditions du sport. Ils ont une logique financière, visant à avoir le plus d’adhérents et donc le plus d’argent possible. C’est une logique qui s’entend et ils sont persuadés qu’en vendant un sport plus féminin, ils auront plus de pratiquantes. Là-dessus, je suis moyennement convaincu, mais pourquoi pas ? Ça peut se comprendre.

A qui en voulez-vous alors ?

Ceux qui me surprennent le plus dans cette histoire restent les médias, donc vous en partie. Quand je lis L’Equipe qui fait un reportage sur le football féminin en coupe d’Europe…C’est un sketch ! Quand je vois le reportage, et que je côtoie les filles en équipe le week-end, on est dans deux mondes différents en réalité. Soit on ne voit pas les mêmes choses, soit on ne pose pas les questions de la même façon… Mais il y a deux mondes d’écart.

Dans notre entretien avec Eric Duprat, ancien entraîneur de Juvisy, on évoquait justement cette image de la fille « garçon manqué »2. Les médias assument-ils cette réalité ?

On veut nous renvoyer une image du sport collectif féminin, avec des filles toujours bien apprêtées, sympathiques, polies ….Alors qu’elles sont parfois plus vulgaires que les garçons. Elles ont un rapport au corps qui est très particulier, elles aiment la castagne. Il y a souvent plus de bagarres dans les sports féminins que dans les sports masculins. Elles sont moins violentes mais se tirent facilement les cheveux, se mettent des coups en douce, se rentrent dedans, se provoquent, etc. Les médias mettent en avant une image d’un sport qui n’est pas tout à fait réelle et c’est prendre le risque d’avoir un retour de bâton un jour. Il a y eu récemment une photo qui a circulé sur twitter d’une équipe féminine, au Danemark il me semble, où les filles prenaient des positions très suggestives dans les vestiaires, dénudées.

Cela a choqué les médias locaux mais c’est ma réalité des vestiaires. On ne peut pas nier et jouer les offusqués après. Je connais le discours sur la neutralité des journalistes, mais tout le monde sait, ou du moins pense, qu’ils ne sont pas neutres. Pour conclure, je vous dirais que vendre une image ultra-féminisée du foot féminin, ou viril du foot masculin d’ailleurs, c’est facile, ça marche, ça fait vendre, mais ce n’est pas tout à fait juste.

Nous avions abordé avec lui le problème de l’orientation sexuelle. Selon lui, c’est un élément davantage à prendre en compte dans le management d’une équipe, surtout chez les féminines3. La sexualité et l’homophobie sont-elles plus marquées dans le sport collectif ?

La question est délicate dès l’instant où vous êtes dans un fonctionnement de groupe. Par exemple, dans les CREPS de France, les gamins entre 12 et 18 ans vivent en groupe du matin au soir, même en sport individuel. La dynamique d’un groupe peut donner le meilleur mais aussi le pire. Si les règles ne sont pas claires, si l’encadrement n’est pas suffisant, les coachs trop laxistes ou trop sévères, les choses peuvent déraper rapidement. Dans tous les CREPS de France, vous avez des bizutages sexuels qui posent beaucoup de soucis et qui sont « gérés » par les fédérations.

Un groupe, quel que soit le contexte (université, entreprise, école), peut être complexe à manager. Il faut des règles jutes, des normes partagées, un ensemble de valeurs, des rôles et statuts bien distribués, un bon équilibre en termes de diversité et surtout des bons managers. Et pour ça, il faut être formé.

Coacher une équipe féminine, c’est justement appréhender la vie de groupe, le vestiaire, se déplacer loin, vivre ensemble et donc faire face aux règles liées à la sexualité.

Comment sont formés les coachs par rapport à cette thématique ?

Dans le football féminin, il y a plus d’entraîneurs homme que femme. Ça peut ne pas être un problème si les entraîneurs sont intelligents et n’imposent pas une structuration de groupe masculin à des filles. Mais c’est souvent le cas malheureusement. J’ai rencontré des coachs qui étaient géniaux, mais j’ai vu également des entraîneurs totalement intolérants. J’ai souvenir d’une équipe de football, avec beaucoup de femmes homosexuelles, et avec à sa tête un coach qui disait « Moi j’ai horreur des lesbiennes ! ». Il expliquait avoir un lien uniquement centré sur le terrain, avec l’entraînement et la technique. Comment est-ce possible d’avoir cette approche ? S’en est presque c’est ridicule…Coacher une équipe féminine, c’est justement appréhender la vie de groupe, dans le vestiaire, c’est aussi se déplacer loin, vivre ensemble et donc faire face aux règles liées à la sexualité.

Dans les équipes comprenant beaucoup de joueurs homosexuelles, peut-on imaginer une inversion des discriminations et une forme d’hétérophobie ?

Oui clairement. Le terme d’hétérophobie est lourd de sens, donc j’évite de l’employer habituellement. Mais les phénomènes que certains collègues chercheurs ont décrit peuvent se rapporter à cela. Je n’ai moi-même jamais observé directement ce phénomène auprès des groupes que j’ai suivis mais par contre cela m’a souvent été rapporté lors d’enquêtes. Les sportives nous ont par exemple expliqué lors d’une enquête que nous avons menée pour le Ministère des sports en 2010, et qui n’a jamais été publiée, que certaines filles dans des équipes refusaient que l’on vienne trop maquillée, coiffée, etc. Il y a également des rituels de sorties dans des bars lesbiens ou des jeux sexuels. Je ne dis pas ça pour être alarmiste ou du moins, je ne voudrais pas faire état d’une image trop négative du sport, mais c’est un constat. Dans un groupe, il peut se passer beaucoup de choses. On dépasse souvent la limite du raisonnable. Alors anticipons et agissons.

Dans le tennis, on se souvient des propos d’Amélie Mauresmo4 ou encore Nathalie Tauziat5. La gestion de la sexualité semble plus simple dans un sport individuel

Sur le Tennis, en effet il y a eu Mauresmo, Tauziat aussi qui a abordé le sujet même si c’était délicat avec l’histoire de son ancien entraîneur…Et depuis ? Si je vous demande de me citer un joueur ou une joueuse WTA/ATP homosexuel…Bon courage ! Et pourtant ils sont 2000.

A qui la faute ? Quid des sponsors dans la lutte contre l’homophobie ?

Dans le tennis, nous ne sommes pas dans une pression collective mais plutôt dans une pression des médias et des sponsors. Les filles ont tout intérêt à être belles, féminines… Si toutes les filles étaient des Kournikova, la WTA serait ravie et elle remplirait tous les cours des tournois féminins. Les filles lesbiennes sont nombreuses dans le tennis mais elles ne le revendiquent pas. Le coming-out de Mauresmo a suscité des réactions négatives, je pense notamment à Hingis ou Davenport. Ca a vraiment dérangé, et dans cette grosse machine économique, il faut mieux être lisse et ne faut pas faire de vagues. Chez les hommes, il n’y a aucun joueur sur le circuit à ma connaissance revendiqué homosexuel.

D’un point de vue financier, le sponsoring d’une tenniswoman lesbienne vous parait impossible ?

Malgré tout je suis très optimiste sur cette question. Cela me semble possible ; et pour bientôt ! Mais il faut se préparer, il faut avoir un encadrement nécessaire. Si la personne en question est performante, juste sur le terrain, pas spécialement militante, on peut imaginer un sponsor travailler avec elle. Nike avait annoncé qu’il allait financer un athlète des quatre sports majeurs américains qui ferait son coming-out (Baseball, Basket Ball, Football Américain, Hockey) et ca s’est réalisé avec Mickael Sam, joueur de football américain de Montréal. Nike n’a eu aucun souci, mais les problèmes sont venus de l’intérieur, de l’entraîneur et des joueurs.

Mais le tennis est un sport individuel, avec un staff de 3 à 5 personnes qui suit le joueur partout. Ils sont dans une approche personnelle qui ne pose aucun problème, il me semble.

Homosexualité et sport masculin

Dans le sport masculin, on a en tête le récent coming-out de de Gareth Thomas, rugbyman gallois, des anciens internationaux comme Olivier Rouyer, Thomas Hitzlsperger. Que pense la communauté homosexuelle de ces coming-out post-carrières ?

Le travail réalisé m’a amené à fréquenter les réseaux et militants sportifs gais et lesbiens, qui ne sont jamais d’accord sur la question. D’un côté, certains pensent que le coming-out pendant une carrière est trop difficile, qu’il faut les protéger, que la pression est trop forte. De l’autre côté, il y a ceux qui imaginent que ce serait l’occasion de faire avancer la cause et que l’annonce officielle est impérative. Il faudrait presque « outé » ces sportifs comme on a « outé » certains hommes politiques (Florent Philippot récemment).

J’avoue ne pas avoir d’avis et je trouve ces deux opinions exagérées. Effectivement, la pression du groupe est importante, on demande aux jeunes garçons, très tôt, de se fondre dans la norme hétéro. L’hétérosexisme est prégnant. Et d’un autre côté, pour les joueurs que j’ai rencontrés et qui ont avoué leur homosexualité, ca s’est plutôt bien passé.

La peur est très présente dans le milieu LGBT alors qu’à mon avis, les choses pourraient bien se passer dans le milieu sportif. Quand vous êtes dans un groupe, bon sur le terrain, pas trop féminin, intégré à l’équipe… Les choses se passent relativement bien. Il y aura toujours deux trois gros lourdaud, et pour le coup homophobes, qui marqueront leur hostilité. Mais après, c’est surtout une question de management et de gestion de l’événement. Tranquillement, on y vient. Les choses évoluent.

C’est ce qu’explique Gareth Thomas dans sa biographie « Proud »

J’ai lu son livre avec enthousiasme et en effet, il illustre parfaitement cette évolution. Il raconte s’être fait une montagne de son annonce. Vous êtes en présence d’un rugbyman, avec une homophobie intérieure poussée à son paroxysme (avec des tentatives de suicide), jusqu’au jour où les pulsions deviennent trop grandes et où il commence à aller dans tous les endroits gays pour avoir des expériences…Ses coéquipiers commencent à se rendre compte de son malaise, son coach est plus ou moins au courant. Et puis il finit par l’avouer à son club sans que ça ne crée de tempête. Enfin si, 1 jour ! le temps d’un communiqué de presse. Après son palmarès, son professionnalisme et sa personnalité prennent le dessus.

Quand on voit que Yoann Gourcuff a tenu à démentir les rumeurs autour de sa prétendue homosexualité… Pourrait-on imaginer la même chose dans le football ?

En football, cela me semble à la fois simple et difficile. Difficile, parce que tout le monde n’attend que ça, qu’un joueur en activité fasse son coming-out. La politique dans le football est celle de « l’éléphant dans le vestiaire » (« The elephant in the locker room »), tout le monde sait qu’il est là, tout le monde le voit mais personne n’en parle. Et le premier qui va casser le tabou va provoquer une onde de choc qu’il faudra encaisser et maîtriser. Mais cela pourrait vite changer, effectivement, surtout si c’est un grand joueur, si possible un peu connu, intéressant. Il faudra aussi que la fédération de football et les instances dirigeantes aient anticipé et soient solidaires. En clair, je dirais qu’il faut éviter d’en faire des tonnes et sans nier la difficulté que cela peut être pour le joueur et les conséquences que cela peut entraîner. Bref, trouver la juste mesure.

Aujourd’hui, on en est loin non ?

Pour l’instant, la dynamique est « molle ». Les fédérations sont dans le déni le plus absolu, le refus de voir le problème. Pour ce qui est du football, on peut logiquement attendre plus de la fédération pour plusieurs raisons : c’est le sport roi en France, la fédération sûrement la plus riche et ils ont un rôle éducatif majeur à jouer auprès des jeunes. Mais la FFF est ce qu’elle est, un peu ringarde et dépassée. Les joueurs eux évoluent plus vite mais se complaisent des fois dans une vielle tradition machiste, que l’on peut donc appeler hétérosexisme. C’est pourquoi je considère que le changement passera par les entraîneurs. Ce sont eux les moteurs du changement, eux qui occupent l’espace entre l’autorité et le terrain.

Dans son livre Sexus Footballisticus, Jérôme Jessel rapporte les propos d’un joueur «La première fois que j’ai fait l’amour, j’ai déchanté. J’en avais 15, elle 17. L’acte en lui-même était tellement diffèrent et insignifiant par rapport à ce que j’avais vu, que je n’ai pas osé en parler à mes potes… ». Le vestiaire et les douches semblent être une vraie préoccupation7 notamment chez les jeunes, en quête d’identité sexuelle. Comment sont formés les éducateurs/formateurs par rapport à ce sujet ?

Je me suis déjà pris le bec avec des entraîneurs lors de conférence qui me soutenaient que la formation des entraîneurs de football en France était bien, récemment restructurée. De mon point de vue, elle est en effet en évolution mais ne répond pas du tout aux besoins actuels de la société et des éducateurs. La formation est essentiellement tournée vers l’aspect technique et tactique, mais toute la partie communication, réseaux sociaux, gestion de groupe, gestion de la diversité, des comportements est occultée. Je ne comprends pas qu’on puisse proposer une formation d’entraîneur/éducateur de sports collectifs, sans avoir une approche des phénomènes de groupe.

Dans le monde pro, je travaille avec des rugbymen, des handballeurs, des basketteurs. La formation des managers est là aussi très « datée ». C’est incroyable. Elle est souvent réalisée par d’anciens joueurs, de bon niveau, avec une compétence et une expérience de terrain. Mais ils n’ont aucune base scientifique, pratique, en matière de gestion de collectif. Ils répètent simplement ce qu’ils ont vu chez leurs entraîneurs. Le monde du sport est très en retard sur cette question, en comparaison avec le monde du travail et le management en entreprise. La faute sûrement à la non-professionnalisation du sport, n’oublions pas que beaucoup sont bénévoles.

Je ne comprends pas qu’on puisse proposer une formation d’entraîneur/éducateur de sports collectifs, sans avoir une approche des phénomènes de groupe.

Dans votre livre, vous interviewez David qui déclare «Les joueurs se douchent de plus en plus en slip. A la base, ce sont les musulmans, qui sont censés être pudiques qui se douchent en slip, et aujourd’hui les petits blancs les imitent. J’ai même un joueur qui m’a dit un jour (un blanc), je ne me douche pas parce que c’est le ramadan. ». Des propos confirmés par Nicolas Vilas, auteur du livre Dieu Football Club6. Jouer au foot c’est aussi appartenir à une équipe, partager des valeurs ensemble. Comment les entraîneurs gèrent-ils sans formation à la gestion du collectif ?

Les entraîneurs bricolent, ils font au cas par cas, selon leur intelligence, leur ressenti, leur expérience et leur culture. Mais ça reste du bricolage. J’ai coordonnée une enquête justement sur ces questions en 2015 pour le Département de Seine Maritime. Une de nos constations est que l’absence de formation sur la gestion de la diversité, des discriminations, est flagrante.

Est-ce qu’un facteur comme la religion influence le regard sur l’homosexualité ?

La religion est un facteur aggravant et il est parfois très difficile à gérer. Dans mon livre, je parle beaucoup de religion et d’islam parce que la question est lancinante. Dans le football, beaucoup de joueurs sont musulmans et donc la norme dans les équipes devient souvent musulmane. Ce n’est pas grave mais ça pose ainsi des questions de douches, de l’alimentation, du ramadan, de la mixité dans les centres de formation… Les clubs refusent de mettre en avant ces sujets. Ils y répondent partiellement, en interne, en faisant des ajustements, des quotas de musulmans, de non musulmans, ou en imposant des règles « parce que c’est comme ça ». Difficile pour un jeune d’accepter ces règles vécues comme injustes ou non-argumentées. Mais au-delà de l’islam, il y a surtout le religieux. Nombre de travaux scientifiques ont démontré que plus les personnes sont croyantes, pratiquent leur religion régulièrement, moins elles sont tolérantes et ouvertes sur les différences. Les propos d’Alex7. par exemple l’ancien joueur du PSG, et sa croyance évangéliste, en sont l’illustration.

Que préconiseriez-vous ?

C’est une bonne question. Ce que je propose en formation à ce sujet, c’est qu’il faut faire en fonction de son groupe. Si dans votre groupe, vous avez 15 joueurs, 10 musulmans, 5 chrétiens… Si les musulmans ne veulent pas se doucher nus, vous ne pourrez pas aller contre, parce qu’ils sont la norme du groupe. Si la minorité qui se douche nue est mal vue par rapport à ce sujet, il faut intervenir. Il faut que chacun ait le choix de faire ce qu’il veut, mais ça reste du cas par cas. Les joueurs ont pris le dessus sur les institutions et imposent leurs coutumes, leurs rituels… Les directions doivent s’accommoder de ça, jongler avec elles et sanctionner si les choses posent problème. En tous les cas, mon conseil pour les entraîneurs serait de tout faire pour éviter de se mettre un ou plusieurs joueurs à dos. Pour cela il faut bien observer la structure de votre groupe (jours, origines, influence, statuts, rôles niveaux, etc.) et adapter vos objectifs à elle.

Vous évoquez l’homophobie de l’intérieur. Qu’en est-il des tribunes ?

Des collègues ont fait des travaux plutôt précis et ont décrit l’ensemble des caractères racistes, homophobes présents dans les stades. Il en ressort que les supporters sont souvent caricaturés par des chants idiots et des banderoles déployées par une poignée de supporters qui ne représentent en rien la masse de supporters dans les stades. Tout ce que j’ai lu et pu réaliser sur le sujet avec des associations montre que les supporters sont des gens passionnés, souvent très cool et tolérants. Même si, comme partout, on retrouve toujours des radicaux…

Les supporters sont des gens passionnés, souvent très cool et tolérants. Même si, comme partout, on retrouve toujours des radicaux…

Dans le livre vert du supporterisme publié par le Ministère des Sports, des mesures pénalisent l’incitation à la haine, et sensibilisent les supporters à certaines thématiques, notamment l’homophobie. Ces mesures vous semblent-elles efficaces pour lutter contre l’homophobie ?

Oui mais je pense que c’est là que les institutions manquent de rigueur. Il faudrait que les instances dirigeantes (LFP, Fédération, Clubs) ne tolèrent aucun débordement et aucune banderole à caractère raciste, homophobe, discriminant. Et la moindre sortie devrait être sévèrement punie. Ces actes viennent casser toute l’image du sport professionnel.

Le Paris Football Gay, qui luttait contre l’homophobie au sein du football amateur et professionnel français depuis plus de 10 ans a raccroché les crampons en Septembre. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ils ont cessé leur activité pour des questions de fatigue générale je pense, et de fin de cycle. Une association vit, se fatigue et meurt logiquement. Il y avait aussi des conflits avec d’autres associations et lobbies LGBT, avec forcément un problème de financement public, sans quoi une association ne peut vivre. Je pense aussi que l’agression dont a été victime le président du PFG, même si ce n’était pas lié au sport, a influencé leur décision d’arrêter.

Pour ma part, je considère que le Paris Foot Gay est l’association qui a tout déclenché sur ces questions. Ils ont fait un travail incroyable et je les félicite pour cela.

Carton Rouge - Source [6]
Carton Rouge – Source [6]

Êtes-vous inquiet pour la suite ?

Sincèrement, non, je ne suis pas inquiet. Je trouve que les sportifs sont plus intelligents que les politiques et les dirigeants qui sont en place depuis des années. Et surtout, ils évoluent et changent plus rapidement. Je travaille avec beaucoup de jeunes et je trouve qu’ils comprennent très vite l’enjeu de la situation. Effectivement, ces questions les dérangent un peu au début, mais avec un travail se sensibilisation et une formation des entraîneurs plus adaptée aux besoins, l’homosexualité pourrait rapidement devenir banale… Le souci réside surtout en haut, dans les instances dirigeantes des clubs, des fédérations. Le ministère est très volontariste mais j’ai de plus en plus de doutes sur sa capacité d’influence sur les fédérations. Le travail à mener est plus à un niveau régional, de club et fédéral.

Que préconisez-vous pour les gens victimes d’actes homophobes ?

Je leurs conseille de parler. Parler est le meilleur remède pour faire face à la honte que l’on peut ressentir en tant que victimes. Il faut également rappeler que l’homophobie est condamnable juridiquement et moralement. J’encourage donc les sportifs victimes d’agressions homophobes à se rapprocher des associations de lutte contre l’homophobie. Elles sauront les guider dans les différentes démarches. J’aimerais également conseiller aux sportifs de parler de la situation à leurs entraîneurs et à leurs dirigeants mais cela dépend de leur niveau d’ouverture sur la question. Dans un premier temps, il est donc préférable de se rapprocher des associations. N’hésitez pas non plus à lire les biographies de sportifs qui ont fait leur coming out, c’est une source d’information incroyable. Une dose d’optimisme pour l’avenir.

Nous tenons à remercier chaleureusement Anthony METTE pour sa grande disponibilité et lui souhaitons bonne continuation.

Propos recueillis par The Wolfman

Sources

[1] – Site Fnac

[2] – Site TheTimes

[3] – Site Lemonde

[4] – Site Staragora

[5] – Site LeFigaro

[6] – Site Sofoot

Référence

1 – Affaire Créteil Bébel, équipe de foot qui avait refusé de jouer contre le Paris Football Gay car le nom du club était contraire à leurs convictions religieuses

2 – Extrait de notre entretien avec Éric Duprat

Sandrine Mathivet déclarait en 2011 : « certaines jeunes filles n’osent pas encore venir au football à cause de l’image de « garçon manqué » qui leur sera attribuée »

3 – Extrait de notre entretien avec Éric Duprat

L’effectif d’une équipe féminine est souvent constitué d’un mélange de femmes hétéros et de femmes à « sexualité inversée » comme les nomme joliment Christine Menesson dans son ouvrage, ou femmes homosexuelles. On les appelle souvent avec un raccourci macho les garçons manqués. C’est un sujet qui fâche et qui est difficile d’aborder. J’ai moi-même essayé d’avoir un discours franc et clair à ce sujet, mais je ne suis pas sûr d’avoir été compris. La gestion de tout ce petit monde n’est pas facile, certains clubs féminins en sont morts. Pour être performant dans un sport individuel, la sexualité de chacun(e) pose moins de problèmes. Dans un sport collectif, cela entre en ligne de compte dans le réseau de relations qui se construit entre les joueuses, voire dirigeantes. Une bonne dynamique est bénéfique au groupe, des tensions liées aux aspects affectifs vous minent un groupe. C’est un risque majeur lorsqu’on entraîne une équipe féminine. Je n’ai pas été confronté à des problèmes semblables dans le football masculin et je n’ai jamais entendu un éducateur ou un entraîneur en parler.»

4 – Extrait d’Amélie Mauresmo – Open d’Australie, 1999

« J’ai fait une interview pour Le Figaro. La journaliste voulait écrire un portrait, elle m’a demandé pourquoi j’avais déménagé. Je lui ai répondu que mon amie vivait à Saint-Tropez, et qu’“amie”, c’était “ie” »

5 – Extrait de Nathalie Tauziat dans les dessous du tennis féminin :

« L’idée que nous sommes toutes plus moins homos est si tenace qu’il faut toujours se justifier »

6 – Dieu Football Club, Éditions Hugo Sport, 2014 – Chapitre Sous la douche

7 – Alex dans le documentaire Jésus Football Club diffusé sur Canal+ Sport

« Je ne suis pas vraiment pour l’homosexualité. Cela sort un petit peu du projet de Dieu. » La seconde suivante, on aperçoit le joueur parisien Alex qui fait mine de s’interroger dans un grand sourire : « Dieu aurait créé non pas Adam et Eve mais Adam et Yves. »